Luc 12.13-21 : La parabole du riche insensé

Pour mieux comprendre notre passage, il convient de le replacer dans son contexte. Au commencement du chapitre 12 de l’Évangile selon le témoignage de Luc, nous voyons Jésus entouré de plusieurs milliers de personnes. Il les met en garde contre « le levain des Pharisiens » (v. 1).

Il poursuit ensuite en donnant un important avertissement sur les personnes à craindre : « Je vous le dis, à vous qui êtes mes amis : ne redoutez pas ceux qui tuent le corps et, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Voici celui que vous devez redouter : redoutez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter en enfer. Oui, je vous le dis, c’est lui que vous devez redouter. » (v. 4-5)

 

Jésus adresse également un troisième avertissement à la foule rassemblée autour de lui, pour ainsi dire à chaque homme et femme de son temps et à nous aussi aujourd’hui : « Je vous le dis, toute personne qui se déclarera pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se déclarera aussi pour elle devant les anges de Dieu ; mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu. » (v. 8-9)

 

La mission de Jésus

 

Au cœur de cet enseignement spirituel riche, l’évangéliste Luc nous rapporte qu’un individu, au sein de la foule, interpelle Jésus en lui disant : « Maître, dis à mon frère de partager notre héritage avec moi. » À cela, Jésus répond : « Ô homme, qui m’a établi comme juge ou pour faire vos partages ? » (v. 13-14)

 

Le Maître tentait d’enseigner à la foule et à ses disciples des principes fondamentaux sur la vie dans le Royaume de Dieu. Pourtant, cet homme semblait uniquement préoccupé par des questions d’ordre terrestre, liées au royaume des hommes. En s’adressant à Jésus en tant que maître, il cherchait à obtenir un verdict équitable sur un conflit d’héritage, ce qui, à l’époque, était une attente courante envers les maîtres investis d’autorité.

 

Cependant, Jésus refuse de se laisser entraîner dans cette affaire matérielle. Après tout, n’avait-il pas déjà enseigné à ses disciples : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » (Jean 18.36) ?

 

Il se pourrait que notre homme soit le frère cadet, car dans la culture de l’époque, c’était le frère aîné qui possédait des droits sur l’héritage. Quoi qu’il en soit, Jésus souligne que sa mission transcende de telles considérations. Elle est d’une portée bien plus grande, touchant à la question du salut de l’humanité tout entière.

 

Il semble que l’homme formulant cette requête ne soit pas attentif à l’enseignement profond de Jésus, ou peut-être est-il simplement incapable de saisir l’essence de ses paroles. C’est pourquoi le Maître choisit d’ignorer sa demande pour raconter une parabole, illustrant ainsi ce qu’est véritablement la vie.

 

 

Qui est cet homme ?

 

Nous pouvons affirmer qu’il ne manifeste pas de gratitude. La terre produit avec abondance, et cela semble se faire naturellement, par la seule grâce de Dieu. D’ailleurs, à entendre sa requête, c’est la terre qui fait l’objet de l’attention, plutôt que l’homme. Pourtant, rien ne suggère que cet homme reconnaisse le Créateur qui pourvoit aux nutriments du sol, à la pluie et au soleil, éléments essentiels pour la terre.

 

Cet homme apparaît profondément égocentrique. Il se met en avant à plusieurs reprises, utilisant les pronoms personnel et possessif « je » et « mon » plus de dix fois. Son mode de vie autocentré se manifeste également dans sa décision de stocker « tout [son] grain et [ses] biens ». Il refuse de partager et de vendre à ceux qui sont dans le besoin.

 

 

De plus, cet homme manifeste une ignorance préoccupante ; il se persuade qu’il gère sa vie comme bon lui semble. Il se dit qu’il a suffisamment de provisions pour des années à venir, mais il n’a aucune certitude que cela se réalise. Sa vision du monde est le reflet de son narcissisme.

 

Il déclare : « Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi. » (v. 19). Il ne pense qu’à se livrer à des plaisirs éphémères, tandis que d’autres sont dévorés par la faim.

 

En outre, cet homme vit comme un insensé, agissant comme s’il n’y avait pas de Dieu, ou pire, en se comportant comme si Dieu n’existait pas. « Le fou dit dans son cœur : “Il n’y a pas de Dieu !” » (Ps 14.1). Il ne perçoit pas la souveraineté divine. « Mais Dieu lui dit : “Insensé ! Cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce ?” Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche devant Dieu. » (Luc 12.20-21).

 

 

Quel enseignement pour nous ?

 

Cette parabole, bien que brève et simple, est riche et profonde. L’être humain, et c’est flagrant aujourd’hui, a développé une vision égocentrique, centrée sur le terrestre et le « ici et maintenant ». À travers ce passage, Luc nous rappelle que la priorité est ce qui nous rassemble. Jésus est venu pour restaurer une vie centrée sur Dieu, une existence qui glorifie le Créateur et empreinte de joie.

 

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