L’art sacré vu par un islamologue

Rachid Benzine, islamologue et historien engagé dans le dialogue interreligieux, a tenu une conférence intitulée L’art, le sacré et les valeurs républicaines, suivie par un public nombreux et varié.

Préférant parler d’arts inspirés par le sacré plutôt que d’arts sacrés, Rachid Benzine rappelle que dans l’islam comme dans les autres religions monothéistes, seul ce qui échappe à l’homme, Dieu, est sacré. Le verbe de Dieu, la parole, est certes inviolable et irremplaçable en tant que don de Dieu, mais le Coran ne dit à aucun moment qu’il est sacré ; dans le Nouveau Testament, Jésus le messie est désacralisé en mourant sur la croix.

 

Rachid Benzine à l’Espace Théodore Monod (© Ville de Vaulx-en-Velin)

 

 

 

Le sacré favorise la cohésion

 

Mais l’homme, dans sa dimension sociale, recourt par nécessité à des processus de sacralisation pour assurer une cohésion et forger une identité. C’est le cas dans le domaine religieux comme dans le domaine civil. En France, la République est sacralisée. L’historien de la pensée islamique Mohammed Arkoun montre qu’il y a un lien entre vérité, sacré et violence (triangle anthropologique) et c’est l’excès de sacralisation qui est dangereux. La sacralisation humaine n’est pas universelle et il faut arriver à intégrer que celle des uns n’est pas celle des autres. Dans la question du blasphème, ce qui est touché, c’est l’identité, l’ego des personnes dans ce qu’elles ont elles-mêmes sacralisé à travers des représentations : une interprétation du texte ou la liberté d’expression au travers de la caricature ou de l’art. La laïcité (parfois elle-même sacralisée !) permet qu’aucune tradition n’occupe le centre. Ce centre doit rester vide. Ce qui empêche toute tradition philosophique ou religieuse de réclamer, ou d’imposer sa vérité comme étant « La Vérité ».

 

 

Aborder le sacré comme un fait culturel

 

Pour favoriser cette coexistence, il faut développer une théologie critique, étudier l’histoire des religions et de leurs évolutions pour relativiser les effets de la sacralisation, comprendre que leur construction est dépendante des contextes historique, culturel et linguistique. Présenter les arts sacrés comme des objets culturels va dans ce sens. Car l’art permet de sortir des enfermements et de relativiser.

 

 

L’enseignement scolaire du fait religieux est indispensable. C’est parce qu’on est en panne de récits historiques dans leur diversité que le fondamentalisme issu du wahhabisme, très récent dans l’histoire de l’islam (XVIIIe siècle), tient lieu de récit facilement adopté parce qu’il est simpliste. Rachid Benzine constate que la formation des professeurs est insuffisante dans le domaine de l’histoire des religions.

 

 

 

 

 

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