Sur cet ensemble – Luberon, Val de Durance, Pays d’Aix -, il y a une diversité d’environnements et de populations. Du très rural et très disséminé au très urbanisé. Et de grandes différences sociales. Alors, comment être à l’écoute de la diversité de ces territoires, des personnes, des attentes ? Au sein de l’équipe qui a été mise en place, le premier défi a été d’avoir des gens représentatifs de cette diversité et attentifs à elle.
Notre élan de base est le même : nous sommes animés par cette force qui nous porte, l’amour de Dieu pour nous, tel que le Christ le révèle, et nous avons envie d’en témoigner. Mais ça ne se reçoit pas, ça ne s’exprime pas de la même manière selon les lieux. Par exemple, les horaires, les rythmes ne sont pas les mêmes à la ville et à la campagne ! Ainsi, par exemple, les deux communautés d’Aix-en-Provence et de Pertuis-Lourmarin s’engageront cette année dans la formation nationale « Église de témoins », qui compte six modules. Nous nous réunirons pour le premier et le dernier, et les autres temps, nous les vivrons séparément, à des rythmes et sur des horaires très différents… mais unis en esprit !

Le temple de Lourmarin s’ouvre aux visiteurs (© S. Backman)
Les temples
Les six temples de la paroisse de Pertuis-Lourmarin, sans oublier celui d’Aix, constituent un riche maillage de lieux beaux et accueillants. C’est nous qui, pour l’instant, n’avons pas le potentiel, humain et matériel, pour les faire pleinement rayonner ! Dans un premier temps, nous allons donc nous former et affiner nos propositions. Le temple de Lourmarin offre des facilités pour l’organisation d’événements (spectacles, concerts, conférences, expositions…) grâce à son environnement culturel. Mais c’est aussi le cas du temple de la Motte d’Aigues, en lien avec l’association locale qui l’a rénové et qui propose des rencontres culturelles à dimension parfois spirituelle. Ces lieux sont déjà en position d’accueillir. À terme, nous espérons offrir des rendez-vous plus réguliers couvrant l’ensemble de ce territoire. Nous pensons également à des partenariats en vue d’événements dans un théâtre ou d’autres sites…
Pour cet été, nous avons souffert de l’incertitude de la saison sur l’utilisation des lieux de culte et n’avons donc pas mis en place la présence témoignante de notre communauté telle que nous la prévoyions. Mais nous présentons à Lourmarin l’expo « La foi comme… », avec des temps de permanence, et nous accueillons en partenariat une association d’entraide en faveur de l’Éthiopie, début août. Il est important d’ouvrir le temple, de proposer un espace de réflexion, de calme, de prière, avec des personnes présentes.
Qui a soif ?
Pour l’instant, il est impossible de cibler une population précise. Il faut d’abord discerner qui a soif pour nous adapter à cette demande. Ce qu’on met en place reste donc très ouvert : nous voulons manifester une présence, une joie, un désir de témoigner de notre espérance ; montrer simplement que nous buvons à cette source de l’Évangile et que c’est un bonheur… Il y a des gens qui se posent des questions et qui feront peut-être le pas de l’échange.
Cet automne et dans l’hiver, on aura des « cultes autrement » ; nous organiserons aussi des rencontres de maison, avec une invitation personnalisée de ceux qui reçoivent chez eux. Ceci avec un spectre large de reprise de contacts.
Déjà, le catéchisme adulte mis en place cette première année fut encourageant et prometteur. Il faut retisser un maillage communautaire. Comme en beaucoup de lieux, nous avons les noms de personnes qui sont connues de l’Église, mais avec lesquelles les liens se sont distendus. Il faut redévelopper un réseau de proximité.
Mais attention, l’organisation de tout cela n’est pas une fin en soi ! L’objectif est bien d’offrir des occasions de se rencontrer, de se retrouver pour que chacun puisse être témoin de sa foi.
de son personnel soignant (© A. Baudouin)
Chemins revisités
Nous avons eu l’idée de « randonnées méditatives ». Une personne peut proposer un parcours de marche avec des étapes, des lectures de textes, des réflexions… Mais le « concept » peut être élargi en partenariat avec l’Association d’études vaudoises et historiques du Luberon (AEVHL), qui a travaillé sur la reconnaissance de sentiers vaudois dans la région, des sentiers qui rejoignent le parcours des huguenots menant jusqu’en Allemagne.
Certaines randonnées peuvent être bâties sur des héritages particuliers. Dans tel village, il n’y a plus de temple parce qu’il a été rasé : on voit qu’on peut ainsi rayer de la carte un pan de l’histoire… Ailleurs, il reste des traces, mais aujourd’hui quel sens ont-elles ? La terre du Luberon porte des cimetières vaudois parfois oubliés. Il est intéressant d’avoir une randonnée – non pas macabre mais historique ! – qui parcoure ces lieux et fasse revivre cet héritage.
Ce sont des itinéraires « porteurs de sens », pour un public très large. Si beaucoup aujourd’hui apprécient la randonnée, nous souhaitons enrichir cette pratique dans notre région avec des éléments qui aident à réfléchir.
Un festival
Je voudrais parler d’un projet sur lequel nous avons beaucoup d’ambition, de rêve : poser quelque chose de régulier dans les événements culturels du Luberon en été, à travers un festival Arts de la parole. Il existe beaucoup de choses autour de la musique. Et un rendez-vous autour de « la parole », de l’échange, du débat, avec des conférences, des formations au débat, un spectacle théâtral…, nous paraît être en écho avec notre « tradition » protestante liée à la parole. Cela permettrait, dans la perspective de notre témoignage, de discuter avec les gens, d’être des « susciteurs de parole ». Ces rendez-vous accompagneraient les personnes présentes l’été, pendant une semaine à Lourmarin, pour commencer. Mais ce festival pourrait ensuite être exporté sur d’autres saisons, dans d’autres temples… On vient ici souvent pour se détendre, se divertir, mais aussi pour se reposer dans le sens de « pauser » et réfléchir, méditer… Cette manifestation est juste reportée, pour les raisons qu’on sait.
Je n’ai pas cité le projet de Café Théo, les contacts pris avec l’Institut protestant de théologie, ou des artistes, ou encore avec la « fruitière numérique » de Lourmarin… Sur le plan culturel, il est trop tôt pour tirer des enseignements. Il y a eu trop peu de manifestations cette année.
