Afficher une mezouza pour contrer l’antisémitisme

Depuis des semaines, les actes antisémites se multiplient en France. L’inquiétude des membres de la communauté juive se traduit parfois par le retrait de la mezouza des portes extérieures, un geste dont la portée spirituelle peut être accompagnée.
© Ben Burton
© Ben Burton

 

 

L’antisémitisme se définit par le fait de faire subir à une personne un dol quelconque sur le simple constat de sa judéité. Signe extérieur habituel du judaïsme, la mezouza est un petit boîtier placé sur le linteau de la porte d’entrée et des pièces principales de l’habitation. Elle répond en cela aux prescriptions du Deutéronome (Dt 6.4).

 

Atteinte spirituelle

 

Devant la recrudescence des actions antisémites, les réactions du peuple juif en France sont diverses, mais de nombreuses familles sont en situation de stress important. Certaines personnes privilégient la vigilance et tentent de signaler les attaques, qu’elles apparaissent sur les réseaux sociaux ou par des tags directement apposés sur des façades d’immeuble ou de commerce. D’autres ont choisi la discrétion pour passer inaperçu dans le reste de la population. Certaines ont enlevé la mezouza extérieure de leur maison afin de ne pas s’afficher aux passants ou visiteurs et de garantir leur sécurité.
Or cette petite boîte n’est pas un porte-bonheur, c’est un recueil de deux textes bibliques, dont le Shema Israël. Son apposition sur les linteaux relève d’une mitzva, c’est-à-dire la réalisation d’une prescription de la Thora et constitue à ce titre un acte spirituel. Ce qui est donc mis en danger aujourd’hui est de l’ordre de la spiritualité et de la référence biblique.

 

Mezouza et christianisme

 

Une réponse spirituelle peut être apportée au stress ambiant, quel que soit par ailleurs l’avis politique que l’on porte concernant la marche du monde. L’essentiel est de faire en sorte que des frères et des sœurs dans la foi en Dieu sachent qu’ils ne sont pas seuls, isolés dans la souffrance actuelle. Un rapide échange avec un rabbin permet de vérifier que si la mezouza est une prescription de la Thora, elle n’est pas forcément réservée au judaïsme car rien n’interdit une personne chrétienne d’en apposer une à sa porte.
Pour un chrétien, placer sur sa porte un boîtier rappelant la mezouza peut être une manière particulière de traduire symboliquement la sortie d’Égypte, cet acte fondateur qui permit au peuple de répondre à l’appel divin en marquant sa porte et de s’extirper juste après de la servitude en traversant la mer à sec. Spirituellement pour le croyant d’aujourd’hui, c’est une manière visible de reconnaître que la grâce de Dieu peut redonner une espérance lorsque sa vie personnelle se trouve engoncée dans des pratiques, des croyances ou la quotidienneté de l’existence.

 

Protéger la spiritualité du frère

 

Une légende a longtemps circulé après-guerre, attribuant au peuple danois et à son roi Christian X l’idée d’avoir lutté contre l’antisémitisme de l’époque en portant l’étoile jaune, le nombre ne permettant plus de discerner qui était qui. Placer l’équivalent d’une mezouza à sa porte relève de la même tactique de noyer l’identification d’un frère dans la masse de l’information. L’idée est saugrenue bien sûr. Mais elle a été employée avec profit dans de nombreux endroits pour casser des systèmes d’agression. Cela ressemble aux prescriptions de Jésus demandant de tendre la joue gauche ou de faire 2 000 pas avec celui qui réquisitionne pour 1 000. Dans les deux cas il ne s’agissait pas de subir mais de mettre l’adversaire en face de son incapacité à continuer.
Si la spiritualité du frère est en jeu, cela impacte directement celle du chrétien.

 

 

 

 

 

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