Nicole Ferroni : l’humour sur scène pour contribuer au collectif

Un internaute me demande par e-mail si le rire et l’humour ont une place dans la Bible. La question est d’autant plus grave qu’une légende soupçonne les protestants d’être austères. Un peu plus et nous serions mis dans le camp de ces inquisiteurs ennemis du rire qu’Umberto Eco évoque dans Le Nom de la rose.

Je crois n’avoir jamais ri devant une caricature, voire n’importe quel dessin de Charlie Hebdo. Le professeur Choron ne m’a jamais fait esquisser le moindre sourire.

Depuis plusieurs années, Lucile illustre les dossiers de nos journaux par un dessin humoristique. Nous lui avons demandé ce qu’elle se donnait comme limite face au sacré, au saint, aux tabous…

La légende prétend que Schulz, génial inventeur de Snoopy et Charlie Brown, a hésité à devenir pasteur méthodiste. Élevé dans la tradition luthérienne, il utilisait ses dessins en catéchèse, comme des révélateurs-miroirs. Le chien philosophe aux mille vies imaginaires et son maître, éternel optimiste malgré les échecs, ont infusé dans plusieurs générations les valeurs du christianisme, grâce au décalage de l’humour.

Quand on parle d’humour chez les protestants, un ouvrage du XVIe siècle revient toujours sur le devant de la scène. Le Traité des reliques de Jean Calvin est presque un best-seller de la littérature protestante.

Humour, autodérision, blagues : les protestants ont une image d’austérité qui leur colle à la peau. Mais finalement, ne savent-ils pas rire comme les autres ?