Ésaïe 10.1-10 et Matthieu 3.1-11 – Le bonheur viendra de Dieu, mais il nous faut changer de vie pour l’accueillir

L’Avent nous prépare à la fête de Noël, rappel de la venue du Seigneur. La lecture d’Ésaïe et de Matthieu nous y prépare aussi. Ésaïe parle de joie et de paix, promettant un renouveau au milieu des malheurs. Quant à Matthieu, il lance une interpellation vigoureuse pour se préparer au Seigneur qui vient. Tous deux nous affirment que le bonheur viendra de Dieu, mais qu’il nous faut changer de vie pour l’accueillir.

« Il sortira de la famille de Jessé, comme une jeune branche sort d’un vieux tronc. » © RegalShave/Pixabay

Le bonheur est d’abord une promesse et une personne

 

« Il sortira de la famille de Jessé, comme une jeune branche sort d’un vieux tronc », dit Ésaïe. L’arbre peut être une image de notre vie. Selon les moments, nous sommes comme des arbres pleins de vigueur ou comme des troncs rabougris, sans avenir ni espérance. À tout moment pourtant, un bonheur est possible, qui vient de Dieu. 

Le royaume de Juda était alors sous la coupe d’envahisseurs, les destructions étaient multiples, les exilés nombreux. Le peuple ressemblait à ce vieux tronc sans avenir apparent. Mais de ce tronc, annonçait Ésaïe, sortirait un rameau, un rejeton, l’espoir d’un bonheur nouveau, par la seule grâce de Dieu. 

Le bonheur, le vrai bonheur, est une promesse. Il y a les chances et les aléas de la vie, ce qui dépend de nous ou non, mais le vrai bonheur, celui qui comble par-dessus tout, est une promesse. Une promesse qui ne vient pas de nous, que nous ne pouvons pas nous donner à nous-mêmes. Alors sachons-le, il y une promesse de Dieu qui repose sur chaque vivant. 

 

 

Le bonheur est une promesse à recevoir, mais il n’existe pas sans justice

 

Ésaïe parle d’un rejeton de son peuple, qui se distinguera des autres par sa juste manière de juger, de gouverner. Il ajoute que « l’Esprit du Seigneur reposera sur lui ». Cet Esprit est présence, force de vie accompagnant toute la Création depuis les origines. C’est par lui que s’accomplira la promesse.  

Pour l’heure, il ne reste qu’un vieux tronc, mais la sève qu’il contient encore est une promesse pour l’avenir. L’Esprit de Dieu agit comme cette sève vivifiante dans un monde à demi-mort, car cet Esprit donnera la sagesse et le pouvoir de bien juger ou gouverner, de prendre des décisions et de les accomplir courageusement. Il permettra de connaître le Seigneur et de le respecter. Autant de choses traçant une ligne bien droite pour notre vie. 

Car il n’y a pas de bonheur sans justice, sans une vie droite, pour nous-mêmes et pour les autres. Car tous ont les mêmes besoins. Il n’y a pas de bonheur si quelques-uns sont dans l’abondance et la reconnaissance sociale, tandis que d’autres croupissent dans la misère et l’oubli. Aucune société à deux vitesses ne peut prétendre au vrai bonheur. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, nous sommes appelés à lutter pour que chacun, chacune, puisse avoir une juste part de vie, simplement, et dans le monde tout entier. 

 

 

Le bonheur resplendira le jour où la connaissance de Dieu remplacera la violence

 

Mais le vrai bonheur va plus loin que la justice humaine. Ésaïe dresse ici un tableau étonnant, merveilleux, d’une nature apaisée et sans violence. Difficile pour nous de l’imaginer concrètement. La nature est redoutable et la souffrance omniprésente : il n’y a qu’à voir les documentaires animaliers ! Alors quand on affirme que le spectacle de la nature nous élève vers Dieu, notre regard est en réalité bien sélectif : un paysage magnifique, le ciel étoilé, la beauté d’une fleur… mais il n’y a pas que cela dans la nature.

Ce n’est donc pas parce que la nature est belle que nous pouvons croire en Dieu, mais parce que Dieu est bon que nous pouvons espérer pour le monde tout entier. Et puis les évocations naturelles du texte sont aussi des symboles de nos comportements humains, car nous le savons, trop souvent « l’homme est un loup pour l’homme».

En tout cas pour Ésaïe, la violence n’aura pas le dernier mot pour l’éternité : voilà le projet ultime de Dieu pour ce monde, mais le secret d’un monde sans violence ne peut être trouvé qu’auprès de Dieu. Oui, nous avons besoin de connaître Dieu pleinement pour que nos violences s’écartent peu à peu. C’est un long processus, qui commence dans l’enfance et se poursuit tout au long de notre vie. Oui, le vrai bonheur viendra de Dieu, mais c’est à nous aussi de l’accueillir, et il nous faut changer de vie pour cela.

 

Changez de vie pour accueillir le Seigneur qui vient !

 

C’est ce à quoi Jean-Baptiste nous invite dans le texte de Matthieu. Le Royaume de Dieu est tout proche, lié à la personne du Christ, défiant les pouvoirs bien établis. Mais ce royaume ne saute pas aux yeux. Il est nécessaire d’en déceler les signes. C’est ce que fait Jean-Baptiste, qui a discerné sa venue en Jésus-Christ. Pour lui, ce roi à part nous conduira ; il régnera sur nos vies. Difficile à entendre quand on vit dans une république démocratique. Pourtant l’idée d’un Dieu qui gouverne notre vie et la mène à bon port reste vitale. De même qu’un gouvernail est indispensable pour le bateau, de même Dieu vient-il donner un cap à nos vies. Et au vu de l’état du monde, on ne peut pas dire que cela soit inutile !  

 

 

Si son royaume est proche, il faut le saisir et y pénétrer comme de vrais enfants

 

La question alors est d’être de vrais enfants de Dieu. Jean-Baptiste se fait ici très dur à l’égard des chefs religieux de son époque – et de toutes les époques –, car ceux qui ont du pouvoir ont du mal à venir à Dieu humblement, comme des enfants.

« La cognée est posée à la racine des arbres » et prête à tout détruire, affirme Jean-Baptiste : une vraie menace, pas sur notre vie mais sur notre orgueil. Celui-ci a besoin d’être jeté au feu, car avec l’orgueil il n’y a pas de place pour Dieu ni pour les autres dans notre vie. 

Pour être de vrais enfants de Dieu, il ne suffit pas de se parer de titres ou de revendiquer un héritage particulier. L’important est de se reconnaître aimé de Dieu et de le recevoir simplement ainsi.  Il y a un écart entre nous et lui, c’est certain. Jean-Baptiste affirme qu’il n’est même pas digne de laver les pieds de Jésus, comme le faisait un serviteur pour son maître. La question ici n’est pas de nous rabaisser par plaisir, mais simplement de reconnaître l’écart entre le Seigneur et nous, et de le confesser humblement, avec toutes nos fautes et nos manquements, en faisant tout dans notre vie pour l’accueillir dignement. 

Au terme de l’Avent, nous célébrerons Noël. Nous ferons peut-être tout pour accueillir nos familles ou nos amis. Préparons-nous aussi à faire tout pour accueillir Dieu. « Préparons-lui un chemin bien droit », enlevons ce qui lui fait obstacle : nos révoltes, nos jardins secrets auxquels nous ne voulons pas qu’il touche, les broussailles de ces endroits en friche de nos vies.  

Oui, préparons-lui un chemin bien droit, accueillons-le dans un beau jardin, afin qu’il l’éclaire et lui donne la plénitude du bonheur qu’il veut pour nous et pour le monde. Car le vrai bonheur viendra de Dieu, mais il nous faut changer de vie pour l’accueillir. 

 

 

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