La ferme Claris

Au cœur d’un charmant village du piémont des Cévennes, se cache un lieu à la fois hors du temps et hors de l’espace. Depuis seize ans, ce mas fait toujours vivre la tradition d’accueil et de refuge de cette région. Femmes battues, personnes désocialisées et habitants du village trouvent ici un abri pour se retrouver et se reconstruire. Poussons les grilles de cette maison à la rencontre de ces protégés du monde.  

Lorsque vous franchissez le portail de la ferme Claris, vous pénétrez dans un lieu où règne le calme et la tranquillité. Autour de la vaste cour arborée, poules et lapins vous accueillent. Différents bâtiments ouvrent leurs portes et leurs fenêtres sur ce grand espace commun. Dans cette atmosphère de paix, ce sont les violences de notre société qui sont soignées. C’est tout d’abord un lieu d’accueil en urgence pour des femmes, seules ou avec enfants, en rupture avec leur famille. C’est aussi un lieu qui abrite des couples ou des personnes seules en situation d’urgence. Les deux font partie du dispositif d’urgence et de stabilisation du Gard. Mais plus qu’un simple centre d’accueil, la ferme Claris est un lieu de vie.

 

L'entrée de la ferme Claris
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Un toit dans la main

 

Voilà comment Martine et Philippe Fournier me décrivent l’endroit. Prenez votre main et passez chaque doigt, l’un après l’autre. Le pouce signifie « stop ». Il impose d’arrêter les violences, mais il oblige aussi à s’arrêter, à prendre un temps de pause pour se rappeler que nous sommes au service d’un autre qui nous est supérieur. L’index : le deuxième doigt c’est toi. Que peux-tu ? Que veux-tu ? Es-tu prêt à être sauvé, guéri à l’appel de Jésus ? Le majeur est le plus grand. Il montre qu’il y a plus grand que nous. L’annulaire : doigt l’alliance, doigt du « nous »s. Dans le temps de l’accueil, le « nous » revient constamment, dans le travail conjoint des salariés et des bénévoles, entre les accueillis et les pouvoirs publics. Pour être au service, il faut savoir s’engager. Enfin, l’auriculaire permet de se déboucher les oreilles, d’entendre et d’écouter, et se rappeler que nous sommes aussi des petits.

 

Maintenant si vous regardez votre main, elle forme, sous le majeur, la forme d’un toit. Le toit que la ferme Claris propose à celles et ceux qu’elle accueille.

 

 

 

Une spiritualité de l’accueil

 

« Comment celui que l’on accueille devient une lumière pour nous ? », c’est ainsi que les Fournier s’interrogent toujours face aux nouvelles personnes arrivant chez eux. La ferme Claris, c’est 25 bénévoles, sept salariés, un service civique, un apprentissage. Une ruche qui permet de monter les dossiers, préparer les accueils d’urgence, organiser les ateliers. À la croisée de tous les bâtiments et du village, fourmille un espace collaboratif. Là, de très nombreux ateliers permettent de recréer du lien social, de retrouver le plaisir de « faire ensemble », de vivre ensemble. C’est un espace où cultures et générations se rencontrent et se mélangent. Couture, écriture, informatique, gestion du budget, chant, jardin, soutien scolaire pour les 6-12 ans, soutien à la parentalité, sont les grandes activités de la ferme Claris.

 

Martine et Philippe proposent des moments de spiritualité, dans ce « joyeux monastère », avec des temps de lecture de textes biblique où peut exprimer ce qu’il ressent. Dans toutes ses activités rien n’est obligatoire. C’est toujours avec douceur que tout est proposé.

 

 

 

Le repas, un temps de partage

 

(c) Fournier

 

Des projets pleins les murs

 

La ferme Claris a des projets plein la tête. C’est ainsi qu’en collaboration avec l’Église protestante unie de Lézan, la décision a été prise de réhabiliter un bâtiment. À l’origine, l’entraide d’Alès gérait un lieu au village et elle leur a demandé de le prendre en charge. Cette initiative est née de la volonté des paroissiens d’aménager une annexe du presbytère. Des travaux ont été entrepris pour rénover le bâtiment, un travail solidaire avec le village. La paroisse a confié la gestion des murs par un bail emphytéotique. Le presbytère accueille déjà des logements. Dans son annexe pourra être accueillie une personne en mesure de régler un loyer très modéré mais ayant besoin d’un coup de pouce pour trouver un logement. L’idée est de créer un lieu où la solidarité jouera spontanément entre les différents locataires, pour s’occuper du jardin.

 

 

 

La ferme Claris

 

(c) Fournier

 

Mais ce n’est pas le seul projet. Toujours à Lézan, existe la possibilité de réhabiliter un ancien hôtel pour y accueillir des personnes âgées indépendantes et rouvrir un café. Cela recréerait un vrai centre de village et permettrait à tous les protégés de se retrouver dans un lieu public, avec les villageois. Tout ceci implique de gros travaux de mise aux normes de sécurité, mais Philippe et Martine sont déterminés, calmes et posés. Rien ne leur semble impossible. Ils ont une espérance inouïe. Un optimisme à toute épreuve. Si ce projet ne voit pas le jour, ce n’est pas grave, d’autres projets se présenteront.

 

 

 

 

 

 

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