La Passion annoncée dans le Psaume 22

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » s’écria Jésus à la neuvième heure, selon Matthieu et Marc. Ainsi s’exprime-t-il en sa pleine humanité, en écho à tant de situations où se mêlent la souffrance et l’humiliation.

Ce cri déchirant vient du Psaume 22, psaume en dialogue, comme deux textes se juxtaposant. Dialogue entre deux sentiments qui s’opposent au cœur des textes vétérotestamentaires : absence ou présence de Dieu ; Dieu intervenant dans l’histoire ou laissant l’humanité aller son cours.

 

Dieu mis en cause

 

Les temps anciens sont invoqués (Dieu se montrait fidèle et secourable) pour mettre en valeur, au présent, un vide ressenti d’autant plus fortement que celui qui l’exprime est dans une relation de foi dont il ne veut ni ne peut se départir. Figure humaine de la déchéance, celle du juste livré à la mêlée humaine, violente, agressive, brutale, inhumaine précisément.

 

Dans ce chant se noue un conflit entre une fidélité non reniée et une mise en question qui interroge, qui demande des comptes en dressant le constat de sa déchéance non méritée. Souffrance humaine, et celle du croyant qui n’imagine pas une vie sans Dieu, mais ne peut faire que le constat de l’éloignement et de l’absence. Comme si tout s’achevait au mépris des promesses, à rebours des espérances : (je t’invoque) et « tu ne réponds pas ». Jusqu’à la poussière de la mort comme parole ultime sur la vie et la foi. Notre désir productiviste de croyants ne portera pas de fruit puisque la tragédie, dont on ne peut se défaire, œuvre comme une fatalité inexorable. Dans ce chant, si Dieu semble mis en cause par ce qui se déroule, le seul à plaider pour Dieu, malgré tout, est le psalmiste : désormais, il n’y a plus que toi qui puisses faire quelque chose.

 

La première partie du Psaume dit des situations vécues, réelles, dont souvent les bons croyants se défendent, bardés d’un moralisme ou d’un angélisme qui condamnent et dénient la formulation, le déroulement du réel. Ce chant rejoint les voix souvent inaudibles de tant et tant d’entre nous, et c’est ce qui en rend pertinents les accents : on parle de l’humain quand il s’agit de la foi et non de robots préformatés.

 

Dieu répond

 

À un moment, tout bascule avec vivacité : « tu m’as répondu ». On ne sait comment ni en quoi, mais un signe a été donné et on passe d’emblée à l’allégresse communicative des louanges et de la reconnaissance.

 

Désormais les pauvres mangent à satiété et justice est donnée à ceux qui le cherchent.

 

La poussière de la mort n’est pas l’ultime, puisque c’est la vie et une descendance servira le Seigneur. L’évocation du grand festin, comme celle de la Parole qui se transmet et se rend présente, vient résonner en nous.

 

Par son cheminement, le Psaume 22 nous dit le Dieu qui sans cesse vient se révéler à nous, non comme une idole, mais au cœur d’une rencontre et d’un dialogue en notre humaine condition. Ce qui est restauré, c’est notre humanité, préfiguration du tombeau vide.

 

 

 

 

 

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